Les prévisions de production de vin français sont revues à la baisse après la canicule et les pertes de vignobles

Les prévisions de production de vin français pour 2025 ont été revues à la baisse par le ministère de l'agriculture, suite à la mise à jour des données du Service de la statistique et de la prospective (SSP). La dernière estimation fait état d'une production totale de 37,4 millions d'hectolitres, soit une réduction de 3 à 5 millions d'hectolitres par rapport aux prévisions précédentes publiées le 8 août, qui variaient entre 40 et 42,5 millions d'hectolitres. Cet ajustement représente une baisse de 7 à 12 % en un mois.

Cette révision intervient après une vague de chaleur intense au mois d'août, qui a considérablement affecté les vignobles dans plusieurs régions. Selon le SSP, les températures élevées et les conditions de sécheresse ont entraîné des baisses notables des rendements potentiels, en particulier en Charente, où la production devrait diminuer de 10 % par rapport à la moyenne 2020-2024. En Bourgogne et dans le Beaujolais, la production est restée stable, tandis que le Languedoc-Roussillon devrait connaître une baisse d'environ 5 %. L'office statistique a également noté que la réduction de la superficie des vignobles a joué un rôle dans la baisse des volumes. Plus de 20 000 hectares ont été arrachés depuis la récolte de l'année dernière, en particulier dans le Bordelais, le Sud-Ouest et le Languedoc-Roussillon.

Le secteur viticole français a exprimé sa frustration face aux inexactitudes répétées des estimations officielles de la récolte. Des surestimations et des sous-estimations similaires ont eu lieu au cours de chacune des quatre dernières années. L'incertitude politique actuelle, suite à la chute du gouvernement Bayrou, a renforcé les inquiétudes du secteur quant à l'attention qui sera accordée à ses besoins en cette période de crise.

Malgré la baisse des quantités, l'optimisme est de mise en ce qui concerne la qualité. Les premiers rapports suggèrent que les raisins récoltés cette année répondent à tous les critères de ce qui est considéré comme de "bons millésimes", offrant une certaine consolation aux producteurs confrontés à des rendements réduits.

Pendant ce temps, l'Italie se prépare à présenter ses propres prévisions de récolte. Le ministère de l'agriculture à Rome accueillera demain un événement au cours duquel l'Assoenologi, l'Unione Italiana Vini (UIV) et l'Ismea présenteront leurs estimations pour le millésime 2025. Les premiers chiffres publiés par Coldiretti prévoient une production de vin italienne d'environ 45 millions d'hectolitres. Sergio Marchi, directeur général de l'Ismea, Matteo Zoppas, président d'Agenzia Ice, Fabio Del Bravo de l'Ismea, Paolo Brogioni d'Assoenologi et Ignacio Sánchez Recarte du CEEV, qui présentera une perspective européenne plus large, interviendront dans le cadre de cet événement. Une table ronde intitulée "Un potentiel à gérer" suivra, avec la participation de Riccardo Cotarella et Lamberto Frescobaldi. La session se terminera par des remarques du ministre de l'agriculture Francesco Lollobrigida.

L'évolution de la situation en France met en lumière les défis auxquels sont confrontés les producteurs de vin européens pour faire face à la volatilité du climat et à l'évolution des conditions du marché. Les semaines à venir seront cruciales, car la France et l'Italie finalisent leurs récoltes et évaluent l'impact sur leurs industries vinicoles respectives.