Les expéditions de champagne chutent fortement alors que l'industrie est confrontée à des perspectives incertaines pour la fin de l'année

Les producteurs de champagne sont confrontés à une année difficile, les expéditions continuant à diminuer, ce qui soulève des inquiétudes quant aux perspectives de l'industrie dans les derniers mois cruciaux de 2025. Les données du Comité Champagne montrent que les expéditions au cours des huit premiers mois de l'année ont diminué de 1,8 % par rapport à la même période en 2024, atteignant seulement 145 millions de bouteilles. Si cette tendance se poursuit jusqu'en décembre, les expéditions annuelles totales pourraient ne pas atteindre 220 millions de bouteilles, un niveau considéré comme désastreux par de nombreux acteurs de la région.

Le mois d'août a été particulièrement difficile pour les maisons de champagne. Les expéditions ont chuté de 6,7 % par rapport à août 2024, avec seulement 15,3 millions de bouteilles quittant la région. Le marché intérieur français a connu une baisse encore plus marquée, de 8,4 %, avec seulement 6,1 millions de bouteilles vendues en août. Les marchés d'exportation se sont légèrement mieux comportés, mais ont tout de même enregistré une baisse de 5,5 %, avec 9,1 millions de bouteilles expédiées à l'étranger.

Sur les marchés d'exportation, il existe une différence notable entre les ventes aux pays de l'Union européenne et celles aux pays plus éloignés, tels que les États-Unis et le Japon. Alors que les exportations vers les pays tiers ont chuté de 7,4 % en août, les expéditions au sein de l'UE ont en fait légèrement augmenté de 0,7 %. Sur les huit premiers mois de l'année, le marché intérieur français est en baisse de 4,8 %, avec 56,7 millions de bouteilles, tandis que les exportations globales sont restées stables à 88,4 millions de bouteilles, soit une augmentation marginale de seulement 0,2 %. Les exportations vers l'Europe ont diminué de 2,1 %, mais les expéditions vers les autres marchés internationaux ont augmenté de 1,2 %, atteignant 63,7 millions de bouteilles.

Le Royaume-Uni, désormais considéré comme un marché non communautaire à des fins statistiques, a fait preuve d'une certaine résistance en termes de volume. Les expéditions vers le Royaume-Uni ont augmenté de 3,9 % au cours des huit premiers mois de l'année, ce qui a contribué à stimuler les chiffres des exportations hors Europe. Toutefois, la valeur n'a pas suivi le rythme du volume ; les recettes des ventes au Royaume-Uni ont chuté de 7,6 %, les détaillants continuant à pratiquer des rabais agressifs.

Parmi les quinze premiers marchés d'exportation de la Champagne, le volume a augmenté de 6,5 % tandis que la valeur n'a progressé que de 0,7 % au cours des huit premiers mois de l'année. Cependant, le volume et la valeur ont diminué en juillet et en août, après une croissance constante au début de l'année. Cette tendance est suivie de près par les observateurs du secteur, car elle pourrait être le signe de difficultés supplémentaires.

Si l'on examine les différents segments de la production de champagne, les grandes maisons ont mieux résisté à la crise que les autres, puisqu'elles représentent les trois quarts des expéditions depuis le début de l'année, soit environ 108,3 millions de bouteilles, ce qui représente une légère baisse de seulement 0,4 %. Les coopératives ont vu leurs expéditions combinées diminuer de 6,7 % pour atteindre 11,9 millions de bouteilles, tandis que les viticulteurs indépendants ont connu une baisse de 5,1 % pour atteindre 24,8 millions de bouteilles expédiées au cours de la même période.

Les experts du secteur attribuent ces baisses en partie à la faiblesse de la demande en France, qui reste un marché clé pour les coopératives et les viticulteurs, qui dépendent davantage des ventes nationales que les grandes maisons des exportations.

La plupart des ventes de champagne ayant traditionnellement lieu au cours des quatre derniers mois de l'année, en raison des fêtes et des événements de fin d'année, les producteurs espèrent une bonne fin de campagne pour éviter ce que beaucoup décrivent comme un désastre potentiel pour l'une des industries les plus emblématiques de la France. Les mois à venir seront déterminants, car les producteurs et les exportateurs attendent des signes de reprise ou se préparent à de nouvelles baisses en volume et en valeur sur les marchés mondiaux.