Les vignobles luxembourgeois de la Moselle enregistrent des vendanges précoces et de grande qualité dans un contexte climatique changeant

La saison des vendanges est en cours le long de la Moselle, au Luxembourg, où les viticulteurs s'affairent à cueillir des raisins qu'ils décrivent comme "dorés et sains". Au Domaine viticole Krier-Welbes à Wellenstein, le propriétaire Guy Krier et son équipe ont commencé à récolter le chardonnay en début de semaine. Le chardonnay est particulièrement important pour les vins mousseux produits dans la région. Selon Guy Krier, les conditions météorologiques de cette année ont été presque idéales pour la culture du raisin. La saison a commencé par un temps chaud et sec, suivi de pluies régulières mais modérées. Cela a permis aux vignes de bien se développer et de tenir les maladies à distance. "Les raisins sont dorés et sains. Il n'y a pas une seule baie pourrie", a déclaré M. Krier.

M. Krier gère 15 hectares de vignobles et espère que l'ensemble de la récolte sera à la hauteur de la qualité des premiers raisins cueillis. Cette année, il prévoit de produire du gewurztraminer et du riesling en vendange tardive, un objectif qui s'est avéré difficile à atteindre les années précédentes en raison de la propagation rapide de la pourriture. "Les années précédentes, la pourriture progressait trop rapidement, ce qui rendait difficile de garder les raisins sur la vigne suffisamment longtemps pour produire des spécialités telles que des vins de vendange tardive", explique-t-il.

Pour les vendanges de cette année, M. Krier compte sur trois employés permanents et neuf travailleurs saisonniers. Il note qu'il est moins difficile de trouver des travailleurs qu'auparavant, en partie parce que de plus en plus de vignobles utilisent des machines pour la récolte, ce qui laisse plus de personnes disponibles pour le travail manuel. M. Krier est également président de l'association des viticulteurs indépendants.

Cette année, les vendanges ont une dizaine de jours d'avance sur le calendrier. Marc Fiedler, responsable de la viticulture à l'Institut viti-vinicole du Luxembourg, a signalé que de fortes pluies - environ 40 litres par mètre carré - sont tombées pendant la nuit en début de semaine à Remich. Bien qu'il n'y ait pas eu de grêle, qui peut dévaster les récoltes, la pluie pourrait affaiblir les peaux des raisins et augmenter le risque de pourriture. Avant ces précipitations, les conditions étaient normales, avec seulement des signes mineurs de pourriture sur les variétés de pinot gris et de pinot blanc. Selon M. Fiedler, s'il n'y a pas d'autres fortes pluies, les viticulteurs devront vendanger rapidement pour préserver la qualité du raisin.

Le changement climatique a un impact évident sur les 1 200 hectares de vignobles luxembourgeois. Serge Fischer, directeur de l'Institut viti-vinicole, a observé que les dates de floraison et de maturation sont de plus en plus précoces. Les vignes sont donc plus exposées aux risques de gelées printanières tardives. Les températures plus élevées et l'augmentation des précipitations augmentent également la menace des maladies fongiques qui sont déjà apparues plus au sud de l'Europe.

Ces changements ont une incidence sur les variétés de raisin plantées au Luxembourg. La demande de variétés traditionnelles comme le rivaner et l'elbling diminue, tandis que l'intérêt pour le crémant - un vin mousseux - continue de croître. Par conséquent, davantage de vignes de pinot noir, de pinot blanc et de chardonnay sont plantées parce qu'elles supportent mieux la chaleur.

De nombreux viticulteurs expérimentent des cépages méridionaux plus résistants aux maladies. Cependant, M. Fischer souligne que le choix de nouvelles variétés est compliqué car les vignes restent productives pendant 30 à 40 ans et certaines années, les conditions météorologiques sont encore normales. Dans les parcelles expérimentales, les variétés méridionales telles que la syrah ne parviennent parfois pas à mûrir complètement lorsque les années sont plus fraîches.

Alors que les vendanges se poursuivent le long de la Moselle, les viticulteurs s'efforcent de rentrer les raisins rapidement afin de maintenir la qualité dans un contexte de changements climatiques et d'évolution des pratiques viticoles.