La récolte 2025 du Beaujolais chute à 28 hectolitres par hectare, faisant craindre une pénurie de vin régional

21-11-2025

Les producteurs sont confrontés à de mauvais millésimes consécutifs, à des stocks invendus et à des difficultés financières croissantes alors que la demande dépasse l'offre.

Les producteurs de vin du Beaujolais sont confrontés à une année difficile, car la récolte 2025 s'est avérée être l'une des plus faibles de l'histoire récente. Ce déficit signifie que les viticulteurs ne seront pas en mesure d'approvisionner leurs marchés habituels, ce qui soulève des inquiétudes quant à la capacité de la région à répondre à la demande dans les mois à venir. Cette situation fait suite à un millésime 2024 difficile, qui s'est soldé par des ventes médiocres et a laissé de nombreux producteurs avec des stocks invendus.

Jean-Pierre Rivière, président de la section Beaujolais de l'Organisme de Défense et de Gestion (ODG), a déclaré que les attentes concernant les vins "primeurs" de cette année étaient faibles, mais que les ventes ont été meilleures que prévu. Dans la catégorie Beaujolais Villages, les ventes devraient égaler ou dépasser légèrement les chiffres de l'année dernière, tandis que le Beaujolais ordinaire connaît une légère baisse. Les prix sont restés stables, avec seulement quelques ajustements mineurs.

Cependant, la petite récolte de 2025 a laissé peu de vin disponible pour le vieillissement, tant en Beaujolais qu'en Beaujolais Villages. Les rendements moyens sont ramenés à 28 hectolitres par hectare dans le Beaujolais Villages et les crus, et à 32 hectolitres par hectare dans le Beaujolais. Certains producteurs n'ont pas pu atteindre leurs quotas de vins primeurs en raison des faibles rendements.

David Ratignier, président de la section Beaujolais Villages, a confirmé que la quasi-totalité du Beaujolais Villages 2025 destiné au vieillissement a déjà été réservée. La récolte limitée ne permet pas d'approvisionner les clients réguliers, mais il reste environ 15 000 hectolitres de 2024 en stock dans les caves, ainsi qu'un reliquat de 2023. Ces millésimes plus anciens suscitent aujourd'hui un regain d'intérêt de la part des acheteurs qui cherchent à combler les lacunes causées par la pénurie. En revanche, tous les stocks de Beaujolais ordinaire ne seront pas nécessaires.

La région a déjà dû faire face à une récolte modeste en 2024 et on s'attendait à ce qu'elle manque de vin l'année dernière. Cependant, la demande s'est effondrée en France et sur d'autres marchés. Le courtier Olivier Richard a noté que si les vins de 2024 étaient bons, ronds et riches, ils souffraient d'une mauvaise réputation liée à la perception du millésime dans d'autres régions. Les deux présidents de l'ODG pensent que cela est dû en partie à la dynamique du marché : lorsque les négociants ont besoin de vin, un millésime est considéré comme bon ; lorsqu'ils ont suffisamment de stock, il ne l'est pas.

M. Ratignier a souligné que 2024 n'est pas moins intéressant que 2021, qui a produit des vins légers et fruités qui se sont bien vendus simplement parce que les volumes étaient faibles. Il appelle les acheteurs à investir dans l'élevage de ces millésimes moins célèbres plutôt que de se concentrer uniquement sur les années exceptionnelles.

Il n'est pas certain que les négociants se tournent vers les millésimes plus anciens pour combler le déficit en 2025, et à quel prix. M. Rivière craint que certains producteurs ne soient contraints de vendre leurs stocks restants à bas prix lorsqu'ils cesseront leur activité. La chambre d'agriculture locale reçoit chaque semaine plusieurs appels de viticulteurs qui souhaitent arrêter complètement la production.

Les pressions financières s'accentuent pour de nombreux producteurs. Le millésime 2024 a coûté cher à produire et ne s'est pas bien vendu, tandis que la petite récolte de 2025 a laissé les caves sous-approvisionnées. Ceux qui ont investi massivement au cours des années fastes se débattent aujourd'hui avec le remboursement de leurs emprunts.

Malgré ces difficultés, l'optimisme règne à l'approche de la sortie des nouveaux vins. De nombreux visiteurs sont attendus lors des prochaines journées portes ouvertes organisées dans la région, ce qui donne aux producteurs l'occasion de nouer des liens avec leurs clients et de stimuler les ventes pendant une période difficile pour la viticulture beaujolaise.