L'UE s'oriente vers l'autorisation de nouvelles cultures génomiques en dépit des divergences entre les législateurs et du soutien de l'industrie

10-12-2025

Un accord provisoire pourrait permettre la présence de plantes NGT dans les champs européens d'ici 2028, ce qui suscite un débat sur les brevets, la sécurité alimentaire et les droits des agriculteurs.

Les législateurs européens sont parvenus cette semaine à Bruxelles à un accord provisoire qui pourrait ouvrir la porte à la culture de plantes développées à l'aide de nouvelles techniques génomiques (NGT) dans l'ensemble de l'Union européenne. L'accord a été conclu lors d'une session de trilogue tenue tard dans la nuit du 3 au 4 décembre entre des représentants du Parlement européen, du Conseil et de la Commission européenne.

Pascal Canfin, membre centriste du Parlement européen appartenant au groupe Renouveau européen, a annoncé le résultat dans une vidéo publiée sur les médias sociaux. Il a qualifié l'accord de favorable aux agriculteurs, expliquant qu'il permettrait l'utilisation dans l'agriculture européenne de nouvelles semences produites grâce aux NGT. Selon M. Canfin, ces techniques accélèrent la sélection naturelle au sein des espèces végétales, ce qui permet aux sélectionneurs de mettre au point des variétés plus rapidement que ne le permettent les méthodes traditionnelles. Selon lui, cela pourrait contribuer à garantir les revenus des agriculteurs et à mieux les protéger contre les risques liés au climat.

L'accord prévoit des restrictions sur les plantes NGT présentant des caractéristiques de résistance aux herbicides ou des propriétés insecticides. M. Canfin a souligné que cette distinction signifie que l'Europe n'adoptera pas le modèle des organismes génétiquement modifiés (OGM) actuellement utilisé dans des pays comme le Brésil et les États-Unis.

Cependant, tous les législateurs ne sont pas convaincus par ces nouvelles règles. Christophe Clergeau, député européen socialiste, s'est inquiété du fait que les NGT représentent une nouvelle forme d'OGM. Dans une vidéo diffusée au cours des négociations le mois dernier, il a demandé des garanties supplémentaires avant que ces plantes ne soient mises sur le marché. M. Clergeau a également soulevé la question des brevets, avertissant que les entreprises agrochimiques internationales pourraient monopoliser les ressources génétiques et faire grimper le prix des semences pour les agriculteurs. Il a insisté sur la nécessité de protéger la liberté des agriculteurs et de garantir un accès continu aux ressources génétiques pour l'innovation, tout en empêchant la privatisation des variétés végétales.

Le débat sur les NGT a également attiré l'attention des organisations agricoles. Une coalition de 30 groupes représentant les intérêts agricoles et alimentaires a salué l'accord dans une déclaration publiée le 4 décembre. Selon eux, l'adoption des NGT est essentielle au maintien de la compétitivité de l'Europe, d'autant plus que des pays comme les États-Unis, la Chine et le Japon autorisent déjà l'utilisation commerciale de ces produits.

Malgré ces progrès, l'accord n'est pas encore définitif. Il doit encore être approuvé par les États membres de l'UE et par un vote du Parlement européen. Si elles sont adoptées, les nouvelles règles n'entreront pas en vigueur avant 2028.

Le débat sur les NGT reflète des questions plus générales sur l'innovation, la sécurité alimentaire et la protection de l'environnement dans le secteur agricole européen. Les partisans de ces technologies les considèrent comme des outils permettant aux agriculteurs de s'adapter au changement climatique et à la concurrence mondiale. Leurs détracteurs s'inquiètent de la mainmise des entreprises sur les semences et des risques potentiels pour la biodiversité.

Alors que les négociations se poursuivent, les deux parties observent attentivement la manière dont l'Europe équilibrera l'innovation et la précaution dans son approche de la biotechnologie agricole.