La peur du méthanol donne un coup de pouce inattendu à l'industrie viticole brésilienne

Des rapports faisant état d'une contamination au méthanol dans des spiritueux distillés ont entraîné une forte baisse des ventes de ces boissons dans tout le Brésil. La récente vague d'inquiétude a débuté fin septembre, lorsque les premiers cas d'empoisonnement au méthanol ont été confirmés dans la région de São Paulo. Depuis lors, le comportement des consommateurs a changé, de nombreux Brésiliens évitant désormais les boissons distillées telles que la vodka, le gin et le whisky, et se tournant plutôt vers la bière et le vin.

Cauã Moreira, un programmeur de São Paulo, a déclaré qu'il n'achetait plus de spiritueux distillés que dans les grandes chaînes de supermarchés. "J'achète ici depuis un certain temps, donc je fais confiance à cet endroit pour la vodka ou d'autres spiritueux. Mais mes habitudes ont changé. J'évite d'acheter dans les petits magasins de spiritueux parce que je crains que les boissons ne soient altérées", a-t-il déclaré.

L'impact de ce changement est ressenti par les détaillants. Les supermarchés ont vu leurs rayons se remplir de bouteilles de spiritueux invendues, ce qui les a incités à proposer des remises pour écouler leurs stocks. Antônio Ferreira, directeur régional d'une grande chaîne de supermarchés, a déclaré que la situation était particulièrement préoccupante à l'approche des fêtes de fin d'année. "Nous nous inquiétons de nos stocks pour la fin de l'année, lorsque les ventes sont généralement élevées. Nous devons veiller à ne pas acheter trop de produits et à ne pas nous retrouver avec des restes trop importants l'année suivante", a-t-il expliqué.

Les données de l'industrie montrent qu'après une augmentation de 4,9 % des revenus en août, le secteur des spiritueux distillés a connu une chute de 25 % des ventes nationales entre le 28 septembre et le 11 octobre, période au cours de laquelle les cas d'empoisonnement au méthanol ont commencé à faire surface. Dans l'agglomération de São Paulo, où les premiers cas ont été signalés, les ventes ont chuté de 45,3 %. Selon l'analyste de marché Mário Ruggiero, "São Paulo est une région de grande consommation, de sorte que l'impact qui s'y produit a une grande incidence sur les chiffres nationaux".

Les produits les plus touchés ont été le gin, la vodka et le whisky. Les ventes nationales de ces spiritueux ont chuté de 35 % par rapport à la même période de l'année dernière. À São Paulo, la baisse a atteint près de 60 %. Les bars de la capitale ont également fait état d'une réduction de 35 % de la consommation d'alcools distillés. Certains établissements affirment que les clients réguliers restent à l'écart par crainte d'une contamination.

Wanderley Romano, copropriétaire du bar Salve Jorge à São Paulo, estime qu'il faudra du temps pour regagner la confiance des clients. "La confiance revient lentement, pas d'un seul coup. Les bars plus anciens qui ont toujours fait les choses correctement commencent à regagner les gens", a-t-il déclaré.

Depuis cette semaine, les autorités sanitaires ont confirmé 47 cas d'empoisonnement au méthanol liés à des spiritueux frelatés, et 57 autres cas suspects font l'objet d'une enquête. La crise a suscité des appels à une plus grande transparence dans la chaîne d'approvisionnement. M. Ruggiero a souligné que la seule façon pour les entreprises de se rétablir est de prouver l'origine de leurs produits et de s'approvisionner exclusivement auprès de fournisseurs officiels. "Il est essentiel de regagner la confiance des clients. Montrer d'où viennent les boissons et s'en tenir aux distributeurs officiels est le meilleur moyen de réduire les risques", a-t-il déclaré.

L'enquête sur l'origine des boissons contaminées se poursuit. Entre-temps, les détaillants et les consommateurs adaptent leurs habitudes en réponse à la crise, espérant un retour à la normale au fur et à mesure que la confiance dans le marché se rétablit.