Les exportations de vins de Bourgogne atteindront 22 millions de bouteilles au début de l'année 2025 en raison de la baisse des ventes intérieures et des pressions réglementaires

20-11-2025

Les leaders du secteur mettent en garde contre la baisse de la consommation française, les menaces climatiques et la stigmatisation, alors que de nouvelles réglementations remettent en cause la région viticole historique.

Lors d'une récente conférence de presse commune à Beaune, les dirigeants du secteur des vins de Bourgogne ont répondu aux préoccupations croissantes concernant l'avenir de leur industrie. Laurent Delaunay et François Labet, coprésidents de l'Interprofession des vins de Bourgogne, se sont exprimés au nom des Hospices de Beaune et du Comité Bourgogne. Ils ont décrit un secteur sous pression en raison de la baisse de la consommation, des défis réglementaires et du changement climatique.

L'événement s'est déroulé pendant la "Vente des vins" annuelle, un moment clé pour les producteurs de Bourgogne. Les coprésidents ont souligné que les ventes de vin en France sont en baisse, une tendance qui affecte également les exportations. Malgré la réputation de la Bourgogne en tant que symbole de la culture française et de la puissance économique, les producteurs sont confrontés à un environnement complexe. Les dirigeants ont souligné l'instabilité internationale et les changements climatiques comme des facteurs supplémentaires rendant la production plus difficile.

M. Delaunay et M. Labet ont critiqué ce qu'ils considèrent comme une stigmatisation croissante du vin. Ils ont fait référence aux récentes campagnes de santé publique qui décrivent le vin comme un "cocktail chimique et toxique" ou utilisent des slogans tels que "Votre verre n'est jamais innocent". Selon eux, ces messages induisent les consommateurs en erreur et nuisent à une consommation responsable. Ils ont également exprimé leur frustration d'être qualifiés de "dealers", arguant que ce langage est injuste pour les professionnels qui encouragent la modération.

Le secteur est également confronté à de nouvelles réglementations que de nombreux producteurs jugent excessives. Les propositions récentes incluent des taxes plus élevées sur le vin, des interdictions de vente dans certains espaces publics tels que le bar de l'Assemblée nationale, et des restrictions sur le remboursement des frais de vin pour les fonctions parlementaires. Les producteurs estiment que ces mesures ne reflètent pas la réalité de leur travail ni l'importance culturelle du vin en France.

Un autre point de désaccord est l'interdiction de certains traitements agricoles, y compris ceux utilisés dans l'agriculture biologique. Les représentants de l'industrie ont cité une étude récente qui n'a révélé aucun risque pour la santé des résidents locaux lié à ces produits, mais les restrictions restent en place. Selon eux, cette situation crée une confusion tant en France qu'à l'étranger, où les vins de Bourgogne sont souvent considérés comme une référence en matière de qualité.

La récolte 2025 devrait être inférieure à la moyenne, avec une production estimée à 1,43 million d'hectolitres, soit environ 190 millions de bouteilles. Les stocks sont inférieurs à ceux de l'année dernière, mais restent supérieurs de 7 % à la moyenne quinquennale. La saison précédente a été marquée par une baisse des rendements et une détérioration des conditions économiques pour de nombreux producteurs.

Les données relatives aux exportations montrent des résultats mitigés. Au cours des huit premiers mois de 2025, les exportations de Bourgogne ont augmenté de 4,3 % par rapport à 2024, mais la croissance s'est ralentie au cours des derniers mois. Dans les supermarchés français, les vins blancs se comportent mieux que les vins rouges, avec de légères augmentations en volume et en valeur depuis janvier. Toutefois, les ventes globales restent stagnantes.

À l'échelle internationale, les principaux marchés de la Bourgogne se déplacent. Les États-Unis restent la première destination des vins de Bourgogne, avec plus de 22 % du volume et de la valeur en 2024. Le Canada occupe la troisième place avec 8,4 % du volume et 4,8 % de la valeur. La Suède est entrée dans le top 5 des marchés d'exportation, remplaçant le Japon. D'autres pays, comme le Brésil et l'Inde, affichent une croissance, mais leur part reste faible.

Bien que les exportations aient atteint un niveau record en quinze ans au cours du premier trimestre 2025 (22 millions de bouteilles expédiées), elles ont légèrement diminué entre juin et août : 0,4 % en volume et 6,2 % en valeur.

Tout au long de la conférence de presse, les dirigeants du secteur ont répété leur message : le vin n'est pas dangereux lorsqu'il est consommé de manière responsable, et les professionnels ne doivent pas être traités comme des criminels. Ils ont appelé à une communication plus équilibrée sur le rôle du vin dans la société française et ont exhorté les décideurs politiques à prendre en compte les réalités auxquelles sont confrontés les producteurs.

Le secteur des vins de Bourgogne est confronté à ce que ses représentants décrivent comme une période exceptionnellement complexe. Avec le changement climatique qui affecte les récoltes, la baisse de la consommation intérieure et les nouvelles réglementations qui ajoutent de l'incertitude, les producteurs disent qu'ils ont besoin d'être soutenus plutôt que d'être stigmatisés alors qu'ils font face à ces défis au niveau national et à l'étranger.